• Je viens de re-(re-)voir  le film « L’auberge espagnole » de Cédric Klapish.  C’est un de ces films que j’adore. Je ne dis pas que c’est le chef d’œuvre des œuvres du 7èmeart, je dis juste que c’est un excellent  film. Il y a là dedans une justesse de ton parfaite. Il y a aussi de grands moments de pur cinéma. Je n’en citerai qu’un seul : celui de la séparation de Durys et et de Tautou à l’aéroport avec son alternance de regards et d’absences de regard entre les deux protagonistes. Tu penses à Brel et à Orly, avec ou sans Bécaud, mais à l’envers. Mais bon, ce n’est pas l’essentiel.

    L’essentiel est ailleurs. La scène principale est une de toutes dernières. Le héros fuyant. J’y ai souvent pensé lors du référendum sur le projet de « constitution européenne ». Dans le film, cela fait plus d’une heure qu’on voit la vraie Europe, bordélique, boxonique, joyeuse­ment foutoiresque, vivante, et soudain on nous présente la « vraie » Europe : des couloirs, des fonctionnaires, de braves gens, certes, mais tellement minables, des dossiers : jaunes, bleus, rouges, des machines à café, etc. Comment ne pas fuir en courant ? Ou voter non ?

    Soyons clairs : tout le film nous présente ce qu’est réellement cette Europe que nous autres citoyens européens aimons. Cette espèce de salmigondis de personnes diverses, autres, bizarres, parlant chtarbé, mais bon on se comprend faut pas déconner, y’en a même des qui sont carrément, allez racistes c’est trop fort, mais pas clairs en tout cas, et qui soudain se ré­vèlent capables de tout (William) quand les choses importantes sont en jeu, même que si un Américain passe par là, il fait partie de la bande, et puis bon après tout quand je suis à Barce­lone ou quand je suis à Rome ou quand je suis à Bruxelles, je me sens chez moi. Tiens un  jour en ballade à Francfort, ce qui m’a frappé c’est juste que  Loto s’écrivait avec deux « T » : Lotto, tu parles d’un écart culturel !

    Je vais te donner un exemple : l’euro. Ces couillons d’eurocrates ont eu tellement peur de ce qu’ils croient être le nationalisme, qu’ils n’ont pas osé mettre de vraies choses sur leurs billets. Z’y ont mis des dessins faussement vrais. Même qu’un jour certains ont cru y recon­naître un « vrai » pont : l’ont fait changer. Purée ! Y’avait pas assez de vrais européens pour illustrer ces billets ? Allez, en vrac : Dante, Beethoven, Cervantès, Érasme, Chopin, Bach, Shakespeare, … Y’en avait même trop pour le nombre de billets. Ah ben oui, mais si le « Érasme » avait valu 100 euros et le « Chopin » 10, ça aurait vexé les Polonais. Corniaud, va. Tu me fais pitié !

    J’ai dit tout à l’heure « nous autres citoyens européens ». Dans quinze jours, moi, petit français, je vais à Rome. Je n’ai pas l’impression de partir à l’ « étranger ». Je vais ailleurs chez moi, retrouver mes racines. Je suis autant amoureux de la Toscane, que du Berry, que de la Hesse, que l’Estramadoure, … Je suis européen.


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique