• Les hirondelles[1] n’ont pas, en serez-vous surpris ? de tabou contre l’inceste. On a, par exemple, trouvé des couples de frère et sœur. Et pourtant, il y a chez elles un mécanisme d’évitement de l’inceste.

    L’année suivant leur naissance, au retour de leur migration africaine, les jeunes mâles hirondelles reviennent près du lieu où ils sont nés (en moyenne à moins de 5 km), alors que les femelles s’en éloignent nettement (jusqu’à 60 ou 100 km)[2]. Le résultat est simple : la probabilité d’un couple frère-sœur est faible.

    Bien sur, rien de réfléchi, de pensé, là-dedans, juste un fait : les demoiselles hirondelles sont plus « aventureuses » que leurs lourdauds de frères. Comment ça se fait ? Va savoir. Mais peu importe ce qui compte ce n’est pas d’où ça vient, ce qui compte c’est que ça a permis à l’espèce de mieux survivre.

    Ah oui, une remarque : ce n’est pas par fainéantise machiste que les mâles reviennent sur place ou presque, c’est juste que dans les semaines qui ont suivi leur naissance et leur envol, ils ont eu tout loisir pour explorer les lieux proches du nid où ils étaient nés. Et comme c’est le mâle qui décide de l’emplacement où il construira son nid avec sa femelle …

    D’autres animaux ont d’autres mécanismes d’évitement de l’inceste. Par exemple, chez beaucoup d’animaux vivant en groupe (primates, félins, etc.) c’est souvent un exil « automatique » des jeunes de l’un des sexes vers un autre groupe où ils devront se faire accepter. Le point important c’est que ces mécanismes sont multiples, mais ils ne sont pas omniprésents. L’évitement des unions consanguines procure probablement un léger avantage évolutif (moins de risque d’extension d’une mutation délétère, meilleur brassage génétique, mais aussi moins grande extension des « bonnes » mutations, donc, j’insiste léger avantage : meilleure survie, plus faible adaptabilité). Ce qui suffit probablement à assurer la pérennité (voire l’expansion) de ces comportements.



    [1] Je parle ici des hirondelles de cheminée (hirundo rustica). J’ignore s’il en est de même pour d’autres espèces, mais c’est probable.         [retour au texte]

    [2] Chiffres tirés d’une étude de Guy Jarry.         [retour au texte]


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