• Les habitués du blog de Lulette auront déjà lu l’essentiel de ce que je vais dire ici dans les commentaires que j’ai faits à son article. Mais tant pis, j’insiste.

    Par ailleurs, pour des raisons d’ordre privé, j’ai été absent des médias et d’internet la plupart du temps ces derniers jours, il est donc possible que ce que je vais dire ait déjà été dit ailleurs. Je l’ignore et ce n’est pas grave si je ne fais que répéter.

    Il n'y a pas eu Dimanche soir une victoire du FN ! Par contre il y a deux défaites majeures celles de l'UMP et du PS. Et elles sont de natures différentes.
    L'UMP a été incapable de capter l'opposition à la politique menée actuellement par un gouvernement qui se fit élire en tant que socialiste, se prétend social-démocrate (ce qui ne serait pas une tare, mais ça permet de dévaluer le mot) et mène en réalité une politique encore plus libérale que le précédent.
    Le PS enregistre la désaffection de son électorat pour les raisons suscitées. Normal et salutaire ! Désaffection que les écolos sont infichus de capter : logique ils sont dans la même perspective.

    La seule victoire est celle des déçus de la politique et des confusionnistes.
    Les uns croient qu'on n'en peut mais, les autres croient que l'Europe se confond à la fois avec la politique nationale et avec l'orientation globale des dirigeants actuels de ladite Europe.
    Cette victoire est un échec pour les vrais Européens.

    Ajoutons :
    Les médias vont nous ressasser les slogans du genre « FN premier parti de France ». C'est faux.
    Le premier parti de France est celui de ceux qui n'ont pas voté.
    A tort.

    Ce n'est pas avec les dernières municipales qu'il faut comparer : les scrutins sont de types trop différents. Ce n’est pas non plus avec les dernières européennes : la situation était trop différente. C'est avec le premier tour des présidentielles de 2012. Certes le scrutin est également différent mais les forces en présence sont à peu près les mêmes, la dimension du vote est là aussi nationale et elle est proche dans le temps de la dernière.
    Dans ce qui suit, j'ai arrondi les chiffres pour les présidentielles et « approximé » ceux des européennes. Les nombres sont en millions de voix exprimées (M). Le premier est celui des présidentielles, le second celui des européennes :

    Votants :    46 M  -  46,5 M
    Exprimés : 36 M  -   19 M        (donc  27,5 M de non votes au lieu de 10 M)
    FN :          6,5 M  -  4,7 M  -  perte = 1,8 M
    UMP :      9,8 M  -  3,9 M  -  perte = 5,9 M
    PS :        10,3 M  -  2,6 M  -  perte = 7,7 M
    Centre :     3,3 M  -  1,9 M  -  perte = 1,4 M
    EELV :      0,8 M  -  1,7 M -   gain = 0,9 M
    FrG :            4 M  -  1,2 M  -  perte = 2,8 M

    Sources : http://elections.interieur.gouv.fr/ER2014/FE.html
    et http://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Presidentielles/elecresult__PR2012/%28path%29/PR2012/FE.html

    Je redis donc que le « vrai vainqueur » c'est le non vote : 17,5 M.

    Ce qui compte c'est que TOUS les partis principaux ont régressé, y compris donc le FN.

    Le seul à avoir « progressé » est EELV mais c'est trompeur.
    D'abord aux présidentielles leur candidate était Eva Joly qui était loin de faire l'unanimité chez les militants et encore moins chez les électeurs, d'où son score minable à l'époque.
    Ensuite le Front de Gauche était alors une nouveauté où se sont réfugiés des tas de gens à gauche de la « gauche » sans vouloir être d'extrême-gauche.
    Donc ce gain est à relativiser : il conviendrait presque de cumuler le FrG et EELV dans ma présentation.

    Dans le même ordre d'idée, le « Centre » a changé entre 2012 et 2014. En 2012, une partie était dans la coalition soutenant Sarkozy et le MODEM à part. En 2014, ils se sont regroupés, ce qui minore sa baisse et accroit celle de l'UMP.

    Ce qui est instructif c'est que, effectivement, c'est le FN qui a perdu le moins de voix en proportion.
    Ci-dessous, une liste des pertes, exprimées en pourcentages des nombres de voix en 2012. J'ai volontairement regroupé EELV et le FrG.

    FN             =  - 28%
    UMP          =  - 60%
    PS              =  - 75%
    Centre        =  - 42%
    EELV+FrG =  - 40%

    A comparer aux taux d'abstention d'environ 58% :
    Le PS explose en plein vol,
    l'UMP est ratiboisé (et l'actualité de Lundi ne va rien arranger),
    les autres font moins que l'abstention
    et le FN fait nettement mieux que l'abstention. Là est sa vraie victoire.

    A noter encore : pour la première fois, on comptabilisait à part les bulletins blancs et les bulletins nuls. Un bulletin blanc est un acte, un bulletin nul est un accident ou une moquerie.
    Résultat : près de 550 000 bulletins nuls.
    Du même ordre que les « petites » listes telle Nouvelle Donne.
    (Pour ND, on en est à presque 550 000 voix également.
    Voir ici : http://www.nouvelledonne.fr/actualite/resultats-par-circonscription).

    Concluons :
    Ce qui s’est exprimé dans ce vote c’est une défiance et un rejet à l’égard de la politique européenne actuelle qu’elle soit menée par des partis de « droite » ou par des partis de « gauche ».
    La seule force qui ait réussi à capter cette défiance c’est le FN, mais même lui est remis en cause par ce vote : ses électeurs ne croient pas qu’il puisse faire beaucoup mieux que les autres ou même ne sont pas d’accord avec ses solutions.
    Les petits partis qui proposent une politique réellement différente font des scores honorables. Gage d’espoir, peut-être.
    Mais la plupart des citoyens n’y croient plus et c’est bien dommage.

     


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