• J’ai d’abord connu Rome par l’école. A la fois le Latin et l’Histoire.

    Tout petit je me suis passionné pour l’Histoire. Le mois de Septembre n’était pas fini que j’avais déjà dévoré l’essentiel de mon livre d’Histoire (et de Français), et à l’époque la rentrée c’était après la mi-Septembre ! Rome, enfin l’Histoire de Rome, Romulus, Tarquin, les Gracques, César, etc. c’était en cinquième. Y’avait des photos, la plupart en noir et blanc, un peu floues, je les ai toujours en tête. Même l’herbe qui poussait entre les dalles de la Via Sacra, me semblait familière.

    Le Latin, ce fut peut-être pire : m’ennuyant à l’Étude du soir (de 17h à 19h) parce que j’avais fini mon travail et mes leçons, je lisais, je potassais le Gaffiot, pendant des heures. Pas pour apprendre des mots, pour comprendre comment les uns venaient des autres. Là, y’avait pas de photos, mais des petits dessins. Pareil, ils sont toujours en moi.

    La Rome d’après, celle de la Renaissance et celle des Papes, m’a été plus lointaine. Je me dispersais sur trop de centres d’intérêt.

    J’ai ensuite connu Rome par Fellini. Trois films surtout : Satyricon, Amarcord et Fellini-Roma. Satyricon : pour l’ambiance globale où je retrouve ma Rome antique et les scènes du début, par exemple dans l’insula. Amarcord : l’arrivée à l’appartement et la géographie de cet appart’, les repas dans la rue, … Fellini-Roma : tout. Mais surtout deux scènes. La première c’est cette scène dantesque sur l’autoroute où se côtoient sous une pluie d’enfer les camions de l’équipe du film avec leur caméras sous bâche, les voitures affolées, une carriole à cheval, une voiture à bras, … et tout cela tourne et tourne et tourne. La seconde scène, je ne peux ni la revoir ni même l’évoquer sans que ma gorge se noue et que des sanglots hachent ma voix. C’est celle du métro, des travaux du métro. Quand je commence à entendre le bruit de la haveuse qui perce et qui perce, je me mets à frémir. Soudain un trou. Derrière, les salles d’une domus. Splendide. Fresques et mosaïques. Magnifiques portraits de romains et de romaines antiques. Admiration et émerveillement des présents, ingénieurs, ouvriers, journalistes. Et puis soudain, par le trou qui permit la découverte, entre l’air vicié de la Rome moderne et les fresques s’affadissent, pâlissent, disparaissent. Affolement. Trop tard. Rien à faire. C’est perdu.

    Pour vous dire à quel point cette scène m’a marqué et me marque : J’ai depuis vu, et revu, un docu sur un site turc qui allait être englouti suite à la construction d’un barrage (Les Derniers Jours de Zeugma, documentaire de Thierry Ragobert). Il y a la scène inverse. On balaie puis on lave une surface et sous la poussière accumulée par les ans, apparaît petit à petit, pans par pans, une mosaïque de sol de toute beauté. Là, on la sauve cette mosaïque. Même émotion. A chaque fois.

    J’ai aussi, bien sûr, vu et adoré la Dolce Vita de Fellini. Là aussi c’est Rome. Mais j’y ai plus vu la description cruelle d’un monde moderne qui naissait, que celle de Rome. Et tant pis pour la fontaine de Trevi.

    Plus tard, adulte, j’ai connu Rome d’une troisième façon.

    Ma fille, aux débuts de ses études universitaires, eut l’occasion d’aller y passer huit jours, voyage scolaire et tout ça. A son retour, j’étais là pour l’accueillir et la ramener chez sa mère, 60 km plus loin. Elle avait les yeux qui brillaient. Et pendant la toute petite heure, trop petite heure que dura le trajet de retour, elle me parla de sa Rome. Elle était tombée folle amoureuse de la ville. Je ne vous dis pas l’enthousiasme de ses descriptions et de ses enjouements. Moi, conduisant, je serrais les mains sur le volant de peur que l’émotion que son récit véhiculait, me saisisse trop fort.

    Deux ans plus tard, je suis allé à Rome. Avec ma fille d’ailleurs. A peine deux jours. Je vous raconterai.

     

    (à suivre)


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