• La chaussette orpheline.

    Il y a quelques semaines, je devais envoyer un courrier important à une administration. Ayant des doutes sur l’adresse, je posais la chose et me dis : « On verra ça après, c’est pas si urgent. » Puis, bien entendu, j’oubliais pendant 15 jours. Quand je me souvins de la chose, le papier avait disparu ! Nulle part. Je le cherchais là où je me souvenais l’avoir posé : non. Je cherchais dans une des nombreuses et diverses piles de papiers divers qui encombrent mon espace : non. De guerre lasse, j’ai fait faire une copie de la chose, et je l’ai postée hier. Aujourd’hui, je reçois un courrier me demandant une photo d’identité récente. J’en ai. Vous savez, ils vous en font huit quand vous n’en demandez qu’une, ça leur coûte le même prix et ils peuvent vous les vendre plus cher. Donc, j’en ai, mais où ? Je viens de chercher là où probablement elles devraient être (ou avoir été). Que dalle. Par contre, devinez … oui, j’ai retrouvé le papier dont je parlais au début. Juste le lendemain, comme par hasard ! D’ailleurs il était là où je l’avais cherché en premier ! S’était caché le bougre. Exprès. Me reste à trouver la photo.

    Alphonse nous l’avait laissé entendre « les objets ont une âme », mais ce qu’il avait omis de nous dire, l’affreux, c’est que c’est une âme maligne, malveillante, sournoise, perverse. Les pieds de table n’ont qu’une idée en tête, vous démolir le genou lorsque vous vous asseyez. Le petit comprimé qui récalcitre à sortir de son étui, quand enfin il s’y résout, c’est pour rouler sous le meuble le plus bas de la pièce, loin. La cigarette que l’on écrase d’un geste distrait dans le cendrier d’à côté hésite : ou elle vous brûle tout de suite le bout du doigt, ou, plus vicieuse encore, elle feint de s’éteindre, se ravive et incendie le cendrier et vos doigts quand vous tentez vainement d’intervenir et vous oblige finalement à recourir à l’évier et à son robinet provoquant ainsi une infâme bouillasse. La branche basse d’un arbre vous agresse toujours quand vous avez tourné le regard pour admirer quelque chose de l’autre côté de la rue. Le, et je dis bien « le », pas « un », le seul caillou qui git sur le trottoir choisit toujours le moment où vous êtes inattentif pour vous faire trébucher. Les lunettes, les téléphones, les clés font partie de ces amateurs de cache-cache dont je parlais au début. Ne leur faisons même pas l’honneur d’en parler.

    Mais il y a un autre objet qui se cache. C’est la chaussette. Rares sont les lessives d’où une chaussette ne disparaît pas. Parfois même deux, mais pas de la même paire, ça gâcherait le jeu. Le phénomène est tellement répandu que je ne m’y étendrai pas sauf pour remarquer que, si par bonheur, ladite chaussette vient à réapparaître un jour, c’est que sa jumelle s’est à son tour cachée. Non, je n’en dirais pas plus mais cela me suggère une idée pour redresser l’économie, et même deux.

    La première est mondialiste : si, par hasard, un chinois me lit, je lui suggère d’accroître encore l’expansion de son économie, en fabriquant non pas des paires de chaussettes, mais des triplettes ! Ainsi, si l’une se cache, il en restera toujours deux. (Si on se souvient du placard où elle fut mise et si trop de lavages n’ont pas fait varier les couleurs).

    La seconde est chauvine et re-localisatrice : pourquoi les quelques rares usines de chaussettes françaises bien de chez nous n’appliqueraient-elles pas l’idée ci-dessus émise ? Elles conquerraient le marché mondial. La France première puissance mondiale de la chaussette, quelle belle et magnifique vision !

     

    J'ajoute (en tremblant) un codicille : à peine avais-je publié cet article, que, devinez, mon PC planta ! Certes, il est coutumier du fait, mais depuis une dizaine de jours, il s'abstenait. Ne me dîtes pas que c'est un hasard !

     


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  • Commentaires

    1
    Julie Pietri Profil de Julie Pietri
    Jeudi 28 Février 2013 à 22:19

    ah!ah!ah!

    Bin moi je la trouve excellente, cette idée!

    Et dans la foulée, ils pourraient aussi se mettre à faire des combos sous-tif/string/culotte parce que le dépareillé, j'aime pas, ça fait souillon.

    ... Et on ne parle pas suffisamment des strings orphelins! Bien entendu, c'est encore une névrose orpheline, mais elle existe bel et bien!

    2
    Alice L-P Profil de Alice L-P
    Vendredi 1er Mars 2013 à 07:51

    C'est amusant ça ... quand nous étions plusieurs à la maison, j'avais un sac pour les chaussettes que j'appelais divorcées, et de temps en temps, en vidant le sac, j'arrivais a remettre certaines ensemble : de force, ça va soi.

     

    3
    Vendredi 1er Mars 2013 à 14:53

    Depuis hier je la cherche pour te l'offrir, je l'ai enfin trouvée! Depuis longtemps ça me trotte de pondre un article basé sur cette photo, mais toujours pas trouvé l'angle/le temps ...

    chaussettes orphelines

    Prise à Williamsburg, Brooklyn, juillet 2011

    biZ

    4
    Vendredi 1er Mars 2013 à 22:34

    Outre la parfaite adéquation de ta photo (que moi j'aurais centrée) avec l'article, j'adore le jeu de mots "It socks...".

     

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