• J’avais découvert Orléan au travers du livre qu’il a coécrit avec Michel Aglietta : La violence de la monnaie et dont je vous ai déjà parlé ailleurs[1]. Ce livre est hélas indisponible et même sa refonte (La monnaie entre violence et confiance) l’est aussi ! Lamentable. Il y a ainsi des bouquins indispensables qui disparaissent, ô miracle, de l’accès à chacun.

    Puis est paru récemment cet ouvrage, et les commentaires et interviews dans la presse m’ont donné une furieuse envie de le lire. C’est fait et, non seulement je ne regrette rien, mais en plus je jubile !

    Orléan y démonte point par point toute l’imposture de la science économique (classique anglaise et néo-classique plus continentale) qui fait tout reposer sur le concept de « valeur ». Peu importe que l’on parle de la notion de valeur-travail à la Smith-Ricardo-Marx ou que l’on parle de la valeur-utilité à la Menger-Jevons-Walras, les deux sont des impostures. Ou plutôt des constructions « idéalistes » (au sens platonicien du mot) qui se permettent d’ignorer le réel : bouh ! le réel c’est sale.

    Je ne vais pas être très long sur ce bouquin : lisez le ! J’ai parfois eu (orgueil démesuré) l’impression de m’y relire : rôle du mimétisme girardien, importance de la monnaie, arrêter de séparer l’économie du reste de la sociologie et de l’anthropologie, le retour du sacré, etc.

    Il y a longtemps, plus de 30 ans, j’avais été frappé par une émission de télé : Une famille en or. Cela m’était apparu comme le comble du comble, et à l’époque je n’avais lu ni Girard ni Orléan. Résumons : pour gagner il ne faut pas trouver « la » bonne réponse, mais celle à laquelle un « panel » aura trouvé la meilleure valeur. J’en ai même utilisé une variante dans certains de mes cours de maths pour montrer l’absurdité de la chose à mes élèves. On est dans ce système : le but n’est pas d’acquérir ou de posséder ce qui vous sera (peut-être) utile, mais ce que vous pensez que la majorité des gens qui vous entourent va avoir envie de désirer ! Mimétisme.


    Je ne veux pas en dire plus, ce serait dénaturer : lisez !

     


     


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