• Qu’est-ce qu’une république ? Un régime politique qui se caractérise par deux choses :
                d’abord, les charges sont attribuées par le corps social ou une de ses parties
                ensuite, les charges sont révocables.

    La seconde condition peut sembler un simple corollaire de la première, mais non : une monarchie élective, par exemple, n’est pas une république. Pour en être une, il faudrait que le monarque soit révocable.

    Revenons sur la première condition.
    D’abord, elle signifie que les charges ne sont ni héréditaires ni de droit divin. L’appartenance à une famille ou à une caste ne suffit pas pour se voir attribuer une charge, plus : elle n’est pas nécessaire. Ce dernier point est important. Non seulement le titulaire d’une charge doit être désigné, mais il peut être choisi n’importe où dans le corps social. Pas de spécialistes. Plus précisément, n’importe où dans le corps social réputé apte à désigner.
    Car ensuite justement, trop souvent, on confond république et démocratie. La démocratie se caractérise, elle, par le fait que c’est tout le corps social qui attribue les charges. Une conséquence évidente de cette condition est qu’une démocratie n’est jamais parfaite : il y a toujours quelques éléments du corps social qui ne participent pas aux désignations. Que ce soit volontairement (abstention) ou pas (suffrage censitaire). Mais, a priori, tout le monde peut participer : rien n’oblige à ne pas voter, on peut améliorer ses revenus. Bien sûr, c’est théorique, mais la posture est importante : la différence entre suffrage censitaire et suffrage universel est nettement moindre qu’entre citoyen et esclave, par exemple.

    J’y insiste à nouveau : les deux notions sont théoriques et donc jamais parfaitement réalisées. Mais, ce qui compte, c’est la volonté collective de tendre vers l’une ou l’autre.
    Par exemple, la longue exclusion des femmes du droit à voter était le signe d’une démocratie imparfaite mais n’empêchait pas la république.
    Autre exemple, la dérive impériale, aussi bien des deux premières républiques françaises que de la république romaine, est bien la preuve que la république n’est pas un acquis. On notera au passage, que, lors de l’avènement du second empire en France, cette dé-républicanisation s’est faite sous couvert démocratique : plébiscite.

    C’est justement à cause de ce dernier risque que la seconde condition que j’évoquais au début, est si importante. Si une charge est à vie, elle n’est plus républicaine. A nouveau, prenons un exemple historique : pour éviter ce risque les romains limitaient la charge de dictateur à six mois. Ils reconnaissaient par là qu’il pouvait être nécessaire d’attribuer des pouvoirs exorbitants à l’occasion, mais que c’était extrêmement risqué.


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